lundi 16 avril 2018

Quand le Printemps s'éveille...

Je sais que c'est très cliché, mais c'est vrai : le printemps a toujours été ma saison préférée.

Le climat qui se radoucit enfin après toutes ces semaines d'un froid trop rude, et devient tout tiède, les gants et les bonnets que l'on remise au grenier, la nature qui renaît à la vie, cet air si pur et et si clair...

Je n'aime pas vraiment l'été qui, dans notre région, se révèle souvent bien trop chaud, voire brûlant, étouffant (même si là où nous vivons, en moyenne montagne, les fortes amplitudes thermiques nous permettent malgré tout de dormir au frais).


En habitant à la campagne, on est encore davantage sensibilisé à ce renouveau. Partout, les arbres sont en fleurs.

Les fruitiers cultivés dans les prés avoisinants ou les petits pruniers sauvages sur les bords de chemins explosent en fleurs blanches ou rose pâle, partout la campagne rayonne et s'éveille.


Et notre jardin, qui a pourtant subi très rudement la sécheresse de l'été dernier, revit à nouveau grâce à la neige et à la pluviométrie très élevée de ces dernières semaines. Le voici à nouveau bien vert, et les fleurs sauvages ont repris leurs quartiers un peu partout.


J'aime tant voir toute cette vie qui jaillit à nouveau.

Je me rends compte que j'ai passé le printemps dernier dans un état de dépression tellement intense que je n'ai littéralement rien vu passer.

Le premier bébé que j'ai perdu aurait du naître en avril. Vers la mi-avril, pour être plus exacte. Maintenant.

Sa date de conception n'avait pas été planifiée, mais il est arrivé ainsi, et j'ai aimé l'idée de mettre au monde un enfant au printemps une nouvelle fois, quand tout autour de nous, la Vie renaît.

Petite Chérie et PoupiGarçon sont tous les deux nés au printemps, respectivement en avril et en mai.

Mais pour ce bébé-là, comme pour la petite soeur ou le petit frère qui suivit et qui devait, lui/elle, arriver en août, le destin en a décidé autrement.

L'an dernier, à la même époque, mon amie V. est venue passer quelques jours à la maison, et ensemble, nous avons planté un cerisier japonais.

Le jour où il ou elle aurait dû naître, c'est-à-dire il y a un an jour pour jour, j'ai écrit ceci :

"Ce n'est pas pour le souvenir, car je n'oublierai jamais. Comme si je pouvais oublier ça...

Mais j'ai eu envie de croire qu'un jour, dans très longtemps probablement, je serai assise sous les branches de cet arbre devenu grand, sous sa floraison exubérante de mi-avril, et que ce jour-là, je serai enfin en paix avec cette absence.


Que la peine et l'incompréhension auront, un jour, quitté mon cœur pour faire place à la résignation et à l'acceptation. 
Que j'en aurai enfin fini avec ces larmes qui déboulent à tout bout de champ, et ce sentiment de dépossession brutal, indescriptible.

J'ai planté cet arbre, celui-ci en particulier et pas un autre, parce qu'il fleurira chaque année au moment où nous aurions dû nous rencontrer. 
Pas parce que j'ai peur de l'oublier, cette date, mais parce que j'aurai toute ma vie besoin de me recueillir... quand on perd un bébé trop tôt, il n'a malheureusement pas droit à une sépulture.

Cela fut difficile, un *travail* véritable, en symbolique parfaite : très physique et très douloureux. 
Accompli en grande partie seule, mais en compagnie de deux personnes chères. 
J'avais besoin de ça. J'ai inondé la terre de larmes, une fois arrivée au fond du trou, mais j'avais besoin de ça.

Je ne sais pas si je vais mieux. 
Je dois gérer un second deuil hélas, plus récent, un pour lequel aucun rituel n'a encore eu lieu, et je n'ai pas fait le tour de la question. Analyser à froid ce qui m'est arrivé au cours de ces huit derniers mois reste encore au-delà de mes capacités.

Mais j'essaie d'avancer. 
J'essaie vraiment d'avancer.

- 16 avril 2017 -"


Depuis, le temps a passé, et la vie s'est installée à nouveau en moi. Une petite vie qui s’accroche et qui grandit malgré une maman cassée, broyée par la tristesse, les deuils, et la peur.
Mais une vie qui instille petit à petit en moi une pulsion de vie nouvelle, qui jour après jour, me raccroche au monde qui m'entoure et aux autres.

J'ai trouvé cet hiver tellement long, tellement oppressant et menaçant avec sa charge d'épreuves, de mauvaises nouvelles, de virus et de microbes. J'ai eu l'impression que nous n'en sortirions jamais. Mais la nature tient toujours ses promesses...

Je suis si heureuse de le voir arriver enfin, ce printemps. Je l'ai tant attendu.

J'ai tellement hâte que cet enfant vienne au monde, pour lui montrer, et profiter avec lui, de toute cette beauté calme et sereine qui nous entoure ici.

J'ai hâte que nous allions ensemble, avec ses frères et sœur, voir les rivières aux eaux claires, les sources qui jaillissent des montagnes, les grands prés verts et les innombrables forêts et chemins qui nous entourent.

J'ai tellement hâte d'apprendre à vivre à nouveau, délivrée de ce sentiment de dépossession et de tristesse qui, j'ai l'impression, m'habite depuis des mois.


Aujourd'hui, j'ai trié et rangé les petites tenues que j'avais conservées de PoupiGarçon. 

Oui, étrangement c'est toujours vers les affaires de garçon que je me penche, spontanément.. mon intuition est si forte que je ne pense pas me tromper.




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