dimanche 31 décembre 2017

Saint Sylvestre


31 décembre 2017-

J'espère seulement que cette année à venir sera plus belle que celle qui s'en va...



lundi 18 décembre 2017

Première immersion en Vésiculie : hospitalisation #1 et écho T2

18 décembre 2017

Deux heures après le souper, je suis au lit, comme tous les soirs... Brusquement, une douleur horrible, insoutenable, et qui monte en intensité, prend naissance dans ma poitrine.

Comme une sorte d'étau qui serrerait très très fort la poitrine (j'ai cru faire une crise cardiaque !), juste au-dessous des seins, surtout du côté droit.
Je prends du spafon, du maalox, du doliprane. Rien.

Cela empire, l'étau se resserre, je ne peux plus respirer. Je demande à PapaChan d’appeler le samu, samu qui m'envoie gentiment balader en évoquant une gastro-entérite. Et puis, la douleur cesse toute seule au bout d'une heure et demie, de façon nette, en quelques instants. WTF just happened ?

Puis une seconde crise survient, le surlendemain, beaucoup plus longue cette fois-ci (5 heures non-stop). Fuck le samu avec leur gastro, je file aux urgences. Avec en tête le souvenir de ma belle-soeur qui avait eu des soucis de vésicule biliaire durant sa grossesse, je plaide pour avoir un bilan hépatique sanguin, que l'on me fait enfin et qui revient "perturbé", me dit-on.

Ils décident de me garder pour la nuit, j'aurai une échographie abdominale le lendemain.

Là, le diagnostic tombe : lithiases biliaires (c'est à dire des calculs dans la vésicule biliaire), et un début de cholecystite (inflammation/infection de ladite vésicule). Je suis hospitalisée en chirurgie viscérale au Centre Hospitalier de Monaco.

Ils parlent de m'opérer pour enlever la vésicule... mais m'indiquent bien qu'une anesthésie générale peut être dangereuse pour le bébé. :(
Pff... et tout ceci juste après le décès de mon papa... je suis tellement fatiguée de toutes ces tuiles.

J'imagine aussi que je dois pouvoir avoir le droit de refuser l'opération (et donc l'anesthésie) jusqu'au terme, mais je ne sais pas... J'ai eu deux crises en 2 jours, j'ai pensé mourir de douleur... Comment tenir encore 4 mois comme ça ? 😰😰😰😰😐
D'un autre côté si mon bébé, qui est actuellement en pleine santé, réagit mal à l'anesthésie et que je le perds ?... Quel choix horrible...

Au deuxième jour d'hospitalisation, l'anesthésiste vient me dire qu'on va tenter autre chose avant d'opérer. Prise d'antibiotiques pour stopper l'inflammation de la vésicule, régime super strict sans gras, contrôle écho de la vésicule toutes les semaines, et on voit pour tenir 4 mois ainsi et opérer après l'accouchement.

Je suis à la fois soulagée et terrorisée, parce que je sais bien qu'il y aura des récidives.

Mon écho T2 était prévue ce même jour avec le Docteur S., qui avait fait mon écho T1 à l'hôpital Lenval de Nice. Etant hospitalisée à Monaco et donc dans l'incapacité d'avoir mon échographie, on me colle entre les mains du Docteur B. qui me prend exprès entre deux patientes.
A ne pas confondre avec le Docteur B. (mon gynécologue), le Docteur B. échographe c'est juste LE spécialiste de l'échographie obstétricale, dans le département et même dans la région.
Il râle abondamment de cette consultation imprévue, mais il pratique l'examen avec beaucoup de minutie. Le bébé va très bien.



Le Docteur B., tout fier de ses super machines, voulut ABSOLUMENT tirer le portrait 3D du bébé. Je ne sais pas pourquoi, je ne lui avais absolument rien demandé... Or le bébé était de dos, donc pas évident, et pendant 10 minutes le médecin a appuyé comme un fou sur le haut droit de mon utérus (donc peu ou prou là où se trouve Vésiculette) pour le faire se tourner 😨😨😨😨😨 la douleur était horrible, j'ai du lui demander d'arrêter.... Du coup il m'a fait un magnifique portrait 3D de ses deux jambes/pieds croisés. 🙄



Inutile de dire que Vésiculette n'a que très moyennement apprécié, et a fait la gueule pendant 24h après ça.

Après quelques jours d'hospitalisation sous antibiotiques pour guérir l'inflammation, les bilans sanguins redevinrent normaux ; j'eus pour instruction de rentrer chez moi, et de mener ma grossesse à terme avec "un régime léger, sans gras".

En me documentant sur les groupes de paroles dédiés aux personnes souffrant de lithiases biliaires, je compris tout de suite que les recommandations étaient beaucoup plus compliquées que ça, en réalité :

Pas de matières grasses. Aucune. Ni cuite, ni crue.
Pas de sucre.
Pas de produits laitiers.
Pas d'oléagineux.
Pas de café, pas de thé. Pas de chocolat sous toutes ses formes, évidemment.
Pas de viande rouge, ni de viande grasse.
Pas d'oeufs. Sous quelque forme que ce soit.
Pas d'alcool (mais enceinte cela va de soi)
Pas de poissons gras.
Pas de féculents "blancs".
Pas de légumes difficiles à digérer.
Aucun aliment industriellement transformé.
Jamais de grosses assiettes, mais de toutes petites portions, plusieurs fois par jour.

J'avais ordre de retourner directement aux urgences en cas de nouvelle crise.

Et justement, j'avoue que je vis dans la terreur constante d'une récidive. :(
Je pense vraiment n'avoir jamais eu aussi atrocement mal de ma vie (et pourtant j'ai accouché par voie basse trois fois, avec à chaque fois des péridurales qui n'ont pas marché !!).

Et j'ai surtout peur de ce qui pourrait se passer si ça recommence.. à qui confier les enfants, comment assurer une prise en charge la plus rapide possible pour éviter les complications d'une lithiase biliaire (ça peut aller jusqu'à la pancréatite aigüe, et même la septicémie, pas du tout flippant hein)... la dernière fois, au lieu de faire appel aux pompiers qui sont à 3 minutes de chez moi, le médecin a appelé une ambulance conduite par deux gus à 2 de tension, partis de Nice et qui mirent 1h00 à arriver jusque chez moi. :(

Compte tenu de tout ça, je me dis souvent que l'opération tout de suite serait sans doute préférable, mais ils ne sont pas chauds du tout au CH de Monaco d'autant que le bilan sanguin est désormais parfait et qu'il est parfaitement possible (selon eux) qu'il n'y ait aucune récidive au cours de la grossesse.

 J'ai rdv le 8 janvier avec le chirurgien (je suis suivie tous les 15j.), je vais en rediscuter avec lui.

samedi 9 décembre 2017

L'impact du deuil du Père pendant la grossesse

Nous sommes le 9 décembre 2017. Mon papa est mort ce matin.
Je suis enceinte de 20 semaines.

Mon père est un peu baroudeur, il voyage beaucoup. Il était pour l'instant avec son épouse chez les parents de celle-ci, dans le Nord... moi je suis dans les Alpes Maritimes.

Mon frère et ma soeur vont bien sûr monter pour assister à la crémation. Je veux absolument les accompagner, mais d'un autre côté j'ai une peur terrible de prendre l'avion enceinte et qu'il arrive quelque chose au bébé.... je me sens super égoïste de penser ça (en plus de tout le reste).

J'étais tellement pas prête. Les maladies sont horribles à vivre pour les accompagnants, mais ne préparent-elles pas, quelque part, à la mort lorsqu'elle est inévitable ?

Alors que là, un papa en pleine forme la veille, et mort d'un AVC le lendemain, c'est le choc total.

Alors du coup, comme il n'est jamais là (ou très rarement) je ne me rends pas du tout compte qu'il est mort. Que je ne le verrai jamais plus vivant. Ca reste abstrait. Comme un peu fantasmagorique.

Son épouse était dans tous ses états au téléphone, et c'était moi, parfaitement calme, qui la consolais. Je pense que mon inconscient gère ça un peu à la façon de Scarlett O'Hara dans Autant en Emporte le Vent : "Bon je sais que ce qui vient d'arriver est très grave mais je ne vais pas y penser maintenant. Si j'y pense maintenant, toutes les vannes vont lâcher et ça va être très très moche, et j'ai tellement de choses à gérer là tout de suite que je dois rester forte. J'y penserai plus tard, quand ce sera le bon moment".

Alors que faire ? Je lis qu'il y a des risques de phlébite à prendre l'avion enceinte.
Si j'y vais en train il faut changer à Paris, et aller de la Gare de Lyon à la Gare du Nord... donc du piétinage en perspective.

 Je ne sais pas. Quelle que soit la raison, fût-elle totalement justifiée, jusqu'à la fin de ma vie je me sentirai comme la dernière des dernières si je ne suis pas sur place pour dire aurevoir à mon père le jour de ses funérailles.

Et c'est parce que le contexte de cette grossesse est totalement particulier, fait d'inquiétude, d'anxiété permanente et de non-confiance en moi/mon corps que j'ai si peur pour le bébé.
Enceinte de Fils Aîné, j'ai pris l'avion pour la Suède avec PapaChan, marché des heures durant dans la campagne suédoise gelée avec lui, et pas une seule seconde j'ai pensé que quoi que ce soit pourrait arriver à ce bébé, je n'en avais même pas informé ma gynéco.

Le lendemain, je suis à la maternité pour ma visite du 5ème mois. J'ai donc pu expliquer la situation au Docteur B., il fait une échographie pour voir comment est le col de l'utérus (pour voir s'il peut supporter un tel voyage) - le col mesure 32 mm et le Docteur B. me dit "bon ben super, vous pouvez y aller sans problème, je vous fais une attestation pour la compagnie aérienne !". 

Or en rentrant, je lis sur internet que 32 mm c'est vraiment pas top du tout et que normalement avec un col comme ça je devrais rester allongée sans rien faire au repos complet ! O_O

J'appelle ma sage-femme qui se montre bcp plus prudente : elle me demande si je peux au moins prendre une semaine de break entre l'aller et le retour. Non, je lui réponds que c'est impossible : nous partons mercredi et revenons jeudi soir. Elle me déconseille alors formellement ce voyage.

Donc j'en suis là... je ne comprends pas pourquoi lui me dit que je peux faire 1000 km avec un col court, elle me dit que chez une multipare 32mm c'est normal et que ce qui compte c'est qu'il soit fermé et tonique, mais que même sans ça, ce voyage est risqué.

Alors qui croire ? Que faire... ?

Eh bien finalement je ne suis pas partie... mon frère et ma soeur sont partis le mercredi sans moi en m'expliquant que de toutes façons, il y avait encore 2h de voiture après le trajet en avion et que donc, d'une façon ou d'une autre, ils ne m'auraient pas laissée les accompagner.

Jeudi après-midi, ma soeur m'a prévenue par texto que la cérémonie était terminée, qu'elle avait été très émouvante, et que mon frère et elle étaient maintenant sur le retour.

J'ai eu A. (l'épouse de Papa) en ligne peu de temps après... elle m'a longuement raconté le déroulement de la journée, les textes lus, les musiques et chansons qui ont rythmé la cérémonie... cette conversation a eu pour effet de concrétiser (dans une certaine mesure) les choses pour moi alors que, n'ayant pas assisté aux funérailles, n'ayant pas vu mon père mort dans son cercueil, etc etc - j'avais plutôt tendance ces derniers jours à faire comme si rien ne s'était passé, comme si je n'avais jamais eu cette info, et que mon père était loin comme d'hab en Polynésie ou ailleurs, sans que nous nous contactions plus que ça.

A la suite de cette conversation j'ai été vraiment super mal.
Mais dès lundi j'ai eu d'autres préoccupations liées à ma santé/grossesse et je suis repassée en mode déni total vis-à-vis de ce décès. Je refuse de penser au fait qu'il soit mort, je ne peux pas, je n'y arrive pas parce que là, tout de suite, mon cerveau est incapable de processer cette réalité sans que je perde totalement les pédales, or ce n'est pas le moment du tout, donc non, voilà. J'y penserai plus tard.

J'ai conscience du fait que pour aborder un deuil de façon saine ça craint complètement, mais là il faut vraiment que je gère une chose à la fois.

dimanche 19 novembre 2017

Echo du premier trimestre

Après un rhume devenu sinusite aigüe (horrible), suivi de ce que j'ai pris pour une gastro (mais en réalité les premières manifestations de colère de ma copine Vésiculette), j'essaie maintenant d'échapper à l'épidémie de pied-main-bouche qui sévit à l'école maternelle où sont scolarisés Petite Chérie et Petit Garçon.

Pas tant pour moi, parce que trois boutons sur les mains/pieds ça ne casse pas trois pattes à un canard, mais parce que c'est un virus potentiellement dangereux pendant la grossesse (peut éventuellement causer une mort foetale in utero, il se trouve que c'est arrivé récemment à une maman que je connais, à 22SA, avec ce même virus justement ).

Mais bon, malgré toutes les précautions que je prends, il est illusoire d'imaginer que, si Petite Chérie ou Petit Garçon reviennent avec ça à la maison, je vais pouvoir y échapper. Je n'ai aucun contrôle sur la situation, donc que faire...

J'ai fait l'écho T1 fin octobre.
Le CH de Monaco m'a appelée la veille de l'examen : "Désolé, tous nos médecins sont malades, on ne pourra pas vous faire cette écho demain. Prenez un autre rendez-vous ailleurs !"
Mais oui bien sûr ! *coeur*
Va t'en caler un rdv pour une écho T1 la veille pour le lendemain, là où les plannings sont pleins partout depuis perpète et pour un tel examen...

Je finis par trouver, à l'hôpital Lenval à Nice auprès du Docteur S.


C'était une période où je ne sentais pas encore le bébé bouger, je n'avais plus trop de symptômes non plus, du coup je ne me sentais vraiment pas bien au moment de l'examen. J'étais tellement sûre qu'elle allait m'annoncer une mauvaise nouvelle, que j'avais même prévenu la crèche la veille que je risquais de ne pas pouvoir être là les 3 prochains jours...

Puis non, tout s'est bien passé... j'ai même réussi à regarder l'écran devant moi.



En suivant j'ai fait le tritest (ok), puis comme je suis totalement hyperanxieuse j'ai quand même fait un DPNI dans la foulée (400 boules non remboursé, youhou), dont le résultat m'est revenu au bout d'une semaine : pas de trisomie.

Maintenant que je sens régulièrement le bébé bouger et que je suis rassurée sur sa vitalité, j'espère ne pas avoir à affronter un nouveau coup du sort avec ce virus, je croise les doigts...

Mon stage se termine demain, je me repose jusqu'à la fin de la semaine parce que je suis vraiment très fatiguée, et dès lundi je reprends les révisions.

mardi 26 septembre 2017

Echo de datation

26 septembre 2017 -

Alors j'ai fait une écho aujourd'hui.

Je n'avais pas du tout fait de prise de sang (à quoi bon...) et le Docteur B. qui me suit à l'hôpital de Monaco, reste habituellement assez bienveillant quant à mes refus et mes réserves. Mais il m'a dit qu'on ne pouvait pas écarter l'écho de datation, qui permet de savoir si la grossesse est évolutive ou pas. J'ai dit ok.

Après tout si celui-ci non plus ne vit pas, autant le savoir et le prendre en charge dès maintenant plutôt que le découvrir fortuitement durant mon stage en crèche, qui débutera dans quelques semaines.

Le médecin qui fait l'écho est l'associée du Dr B. qui est un spécialiste de renommée internationale en termes d'échographie obstétricale, basé à l'hôpital de Monaco où je suis suivie.

Elle est ultra-compétente, mais aussi très terre-à-terre. Elle prend connaissance de mon dossier, les deux fausses-couches tardives, les tests, les bilans, puis elle me dit : "mais... mais vous avez trois enfants ??!"
"oui...?"
"Ah boooon, mais ça va alors ! Vous avez suffisamment donné ! Pourquoi vouloir en faire un 4ème ?! Trois enfants c'est largement suffisant, vous êtes assez occupée comme ça !"
"Parce que ce 4ème enfant, c'est notre souhait. Enfin... c'était notre souhait."
"Ah oui. Enfin, parfois vous savez, il vaut mieux ne pas forcer la nature."

C'est tout à fait mon état d'esprit actuel. On est sur la même longueur d'ondes.

Elle commence en endo-vaginal mais ma vessie étant littéralement sur le point d'exploser (la secrétaire m'avait dit qu'il valait mieux y aller vessie pleine), elle ne voit rien. Ni embryon, ni poche.

Alors elle passe en abdominal et m'enjoint à regarder l'écran. Je refuse. Je n'en ai pas la moindre envie. J'avais regardé de toutes les fibres de mon être ces bébés resplendissants de santé virevolter, gigoter avec fougue. J'avais passé et repassé ces images dans ma tête. J'avais projeté une identité pour eux, je m'étais projetée avec eux.

La seule image qui me reste, qui me hante encore à ce jour, est celle de mon dernier bébé, inerte sur cette image en noir et blanc, bougeant doucement avec les ondes du liquide amniotique alors que ma sage-femme secoue frénétiquement mon ventre pour "le réveiller, il est sûrement entrain de dormir, allez bébé, bouge !".

Je ne veux plus vivre ça. Plus jamais.
Elle comprend. Elle me dit qu'elle va malgré tout actionner le doppler cardiaque, car cet embryon-là est bien en vie pour l'instant, et que cela fait partie de l'examen. Je me dis qu'elle ne serait sans doute pas obligée de mettre le son si elle le voulait, mais je comprends pourquoi elle le fait.

J'entends ce bruit, ce coeur qui galope, insolent, assourdissant. Cela ne me fait rien. Je ne me sens pas joyeuse, pas soulagée. Les deux autres aussi, à ce terme-là, avaient un coeur qui battait à tout rompre. Et qui s'est arrêté quelques semaines plus tard.

Je sais donc qu'il n'y a qu'un seul embryon. Que pour l'instant son coeur bat encore. Qu'il n'y a rien à signaler d'anormal. Comme les deux autres. Voilà.

Je me sens... épuisée. J'ai passé 9 mois, au cours de cette dernière année à vivre enceinte. Neuf mois composés UNIQUEMENT d'un premier trimestre de grossesse, ce premier trimestre qui te lamine, qui te broie littéralement sous la fatigue, qui te malmène sous les nausées constantes, celui que tu supportes habituellement avec joie parce que tu sais qu'il ne dure que 3 mois et qu'au bout des 6 mois suivants, il y aura un bébé. Moi je n'ai aucune certitude.

J'entame ma 9ème semaine, je reste dans cette période formidable où les embryons meurent in utero, à tout moment, comme ça, sans crier gare, parfois sans le moindre symptôme qui t'avertit que c'est terminé. Je finis par connaître cela par coeur. Mon esprit et mon coeur n'arrivent plus à fabriquer les sentiments qui vont avec, tout ça est finalement trop aléatoire.

Je me suis pris une bonne droite, puis une sacrée gauche, qui m'ont mise à terre et dont j'ai eu toutes les peines du monde à me relever. Si je m'investis, si je me projette comme les fois précédentes, un uppercut me laissera définitivement KO. Je ne peux pas prendre ce risque.

mardi 29 août 2017

Grossesse arc-en-ciel

29 août 2017-

Le test est positif.

Voilà... ce sera probablement le dernier essai pour nous.

Après une fausse-couche tardive et une MFIU, je ne sais pas quelles sont mes chances de mener une grossesse à terme désormais... mais elles sont de toute évidence très faibles, du coup je ne remets rien en question dans ma vie actuelle.

J'ai un concours à passer en février/mars, un autre examen en juin, je poursuis donc mes révisions comme si cette grossesse n'existait pas.

Quand, il y a un an de cela, j'ai appris que j'étais enceinte pour la 4ème fois, j'ai été folle de joie. Je me suis sentie portée. J'avais fait mille projets, je me réjouissais tellement d'accueillir ce 4ème bébé dans notre foyer, comme nous avions accueilli ses 3 frères et soeur avant lui. J'étais parfaitement sereine.
 Hélas, ce petit bébé n'est jamais né.

Quand je suis tombée enceinte à nouveau en novembre, après cette première fausse-couche, j'ai pleuré d'angoisse et de peur absolument tous les jours, jusqu'à ce que j'apprenne que ce bébé-là ne vivait plus, lui non plus.

Cette fois-ci, je ne ressens rien. Je ne me projette plus avec bonheur à la lecture d'un test positif parce que je sais que tout peut arriver, et la vie s'est chargée de m'apprendre que l'angoisse et la peur ne suffisent pas à garder un foetus en vie.

C'est bizarre. Je suis enceinte sans pouvoir me dire que je vais effectivement avoir un bébé dans 9 mois. C'est un peu le chat de Shrödinger de la grossesse, cet état.

Après la MFIU j'ai fait environ trouze milliards d'examens. Tout, absolument tout est revenu normal. Mon gynécologue, le Docteur B., est donc particulièrement serein, lui, dans la mesure où j'ai mis au monde 3 enfants vivants et en santé avant ces deux épisodes.

Il me dit que la première fausse-couche était un coup de pas de bol (les fc c'est en moyenne une grossesse sur 4), que la seconde n'en est pas une puisque c'est assurément le virus de la grippe qui a tué le bébé, il s'agit donc d'une MFIU et c'est différent.

Donc lors de notre dernier rdv il m'avait dit "allez hop hop hop maintenant hein. Parce que bon vous avez 39 ans, on ne va pas non plus attendre 107 ans pour s'y remettre alors que tous les examens sont normaux".

Il m'avait prescrit 2-3 trucs à prendre dès le test positif pour réduire les risques de fausse-couche (aspégic nourrisson, progestérone... mais bon, j'ai travaillé toute ma vie dans l'industrie pharma, je sais ce que c'est qu'un placebo).

Je n'ai même pas encore fait de prise de sang pour confirmer le test pipi. Je ne suis absolument pas investie.
S'il s'accroche c'est bien, mais rien de ce que je peux faire ne le fera s'accrocher si lui non plus n'est pas viable, donc se torturer l'esprit ne sert à rien...

Je ne suis pas terrorisée (ça c'était plus pour ma dernière grossesse, j'étais vraiment dans un état d'anxiété inimaginable, à vérifier ma culotte 45 fois par jour de peur d'y voir du sang, à multiplier les prises de sang pour vérifier que le taux ne baisse pas, les échos toutes les 2 semaines, en espérant le voir vivant, mais en redoutant de tout mon être de le voir mort).
J'ai eu beau être terrorisée, stressée, bouleversée, rongée par l'inquiétude, mon bébé est mort quand même.

J'ai complètement assimilé le fait que la frayeur ne change rien. Je n'ai pas peur. Je me sens juste... je ne sais pas, insensible. Désarmée. Incapable. Inféconde. Je ne me penche pas vers ce bébé, et je ne le laisse pas m'atteindre. Je ne sais pas si c'est beaucoup mieux mais au moins, s'il part, j'aurais moins l'impression de perdre l'esprit sous le poids de cette tristesse et de cet espoir perdu.

Je ne fais évidemment aucune hiérarchie dans la souffrance que représente une grossesse à risque, les menaces d'accouchement prématuré... je sais toute l'angoisse, toute la peur, toutes les larmes que représentent cette période d'incertitude, aussi longue fût-elle, et quelle qu'en soit la raison. Aucune mère ne devrait avoir à vivre cela.

Mais si on m'avait dit : "votre embryon n'a pas réussi à s'implanter correctement. Il y a un problème au niveau de votre endomètre. Il y a eu un hématome, il y a eu un décollement"... j'aurais su que, pour la grossesse suivante, repos absolu et progestérone auraient été prescrits, probablement à raison.

Mais quand rien ne va mal ? Quand ta grossesse se passe de façon absolument normale, quand les nausées sont là pour bien te pourrir tes matinées (mais que tu les accueilles avec joie en te disant que c'est le signe que tout va bien), que tes seins sont tendus et douloureux, que ton ventre s'arrondit, que sur toutes les échos tu vois un bébé qui pète la forme au sein d'un environnement utérin impeccable, et puis qu'un matin on te dit que son coeur est arrêté depuis deux semaines, dix jours... et qu'on ne sait pas, que personne ne sait pourquoi.
Que c'est comme ça, ce sont des choses qui arrivent, c'est la vie, personne ne peut rien faire.

Lors de ma précédente grossesse, à l'écho des 12 SA le médecin m'avait dit "eh bien voilà !! On est sortis de la période à risque, fini le risque de fausse-couche !". Le foetus est mort à 15 semaines, tué par une grippe maternelle fulgurante.

Donc non, finalement le coeur d'un bébé peut s'arrêter n'importe quand. A 15 semaines comme moi, à 20 semaines, à 30, juste avant l'accouchement... aucune médecine ne sait le prévenir, et personne ne sait pourquoi cela arrive.

Quand cette incompréhension totale te fouette de plein fouet, à deux reprises, tu finis par développer une sorte de fatalisme résigné. A quoi ça sert tout ça finalement ?

Je me fiche de mes fonds de culotte. Je n'ai fait aucune prise de sang. Je n'ai encore même pas vu de gynéco.

dimanche 6 août 2017

Les petites et grosses colères de Vésiculette

Très tôt au cours de cette grossesse (je dirais vers le mois de septembre, j'étais alors enceinte de 4 ou 5 semaines seulement), Vésiculette a manifesté sa présence.

Je n'avais pas trop conscience de son existence, moi, jusqu'alors... et je m'en portais fort bien.
J'aime manger, j'adore cuisiner, pâtisser... je suis super gourmande et ma petite famille aussi.

Elle était particulièrement mécontente quand je mélangeais le gras et le sucre (les produits Kinder notamment la mettaient fort en colère).

En octobre-novembre, j'ai débuté un stage en crèche et j'ai commencé à être assez souvent malade. Mal au ventre, nausées, troubles gastriques divers... J'avais préparé une petite trousse à emmener partout avec du doliprane, du spasfon, du maalox. 

Mais à cette époque je mettais encore ces manifestations de colère sur le compte de ma grossesse, de la restauration en liaison froide de la crèche, des gastro-entérites qui couraient dans la crèche...

Début décembre, alors que mon stage se terminait, que j'avais dépassé le stade de la MFIU de mon précédent bébé, et que donc je commençais à me poser un peu auprès de ce nouveau bébé, j'ai appris le décès accidentel et soudain de mon papa.

Je ne sais pas dans quelle mesure ce gros choc émotionnel a joué un rôle dans la suite, toujours est-il que c'est très peu de temps après ce décès que Vésiculette a fait sa première grosse, grosse colère.

J'avais cuisiné des oeufs brouillés aux pommes de terre. Avec les oeufs de nos poules et de délicieuses pommes de terre bio rissolées à la poêle, puis des herbes du jardin... simple, mais un véritable délice. Tellement délicieux, j'en ai mangé deux grosses assiettes.

Et cette nuit-là Vésiculette a fait sa première grosse crise.

Techniquement, une vésicule qui contient des lithiases (calculs) peut rester asymptômatique très longtemps. Il y a des personnes qui vivent toute une vie avec une vésicule pleine de calculs, sans jamais avoir de douleurs !

Mais le jour où elle commence à dysfonctionner, ça n'ira jamais mieux. A cet instant-là, quand la vésicule se contracte trop les calculs commencent à migrer, et c'est la crise de colique biliaire.

Le surlendemain j'avais fait de la semoule au lait et du poisson pané, et Vésiculette me les a mis pour chapeau. Cinq heures de crise et une hospitalisation de 5 jours en chirurgie viscérale.

Normalement, Vésiculette aurait du dégager fissa, dès les premiers symptômes. Quand la vésicule commence à dysfonctionner, les calculs biliaires peuvent migrer (c'est ce qui est à l'origine de ces attaques dont la douleur est horrible) et s'ils migrent dans le pancréas au lieu de dégager tous seuls par la voie normale, c'est la pancréatite aigüe. Cette maladie est potentiellement mortelle.

Mais dans mon ventre il y a un petit bébé qui ne peut pas subir une chirurgie sous AG. Les chirurgiens sont tous d'accord entre eux : nous allons attendre que le bébé soit né.

L'ennui, c'est que parfois, ses colères sont vraiment disproportionnées.

Début mars, j'avais confectionné le gâteau préféré de Fils Aîné, 8 ans : un moelleux à l'ananas caramélisé.

C'est un simple petit gâteau au yaourt, avec du beurre et des oeufs bien sûr, du caramel et de l'ananas.

J'en ai goûté un morceau, absolument minuscule. Si si, vraiment. Pas plus d'1 cm cube à tout péter.

Mauvaise idée.

Vésiculette m'a envoyée fissa aux urgences avec une pancréatite aigüe. Oui oui, la maladie potentiellement mortelle.
Je vous l'avais dit : on ne plaisante pas avec Vésiculette.


Depuis, j'essaie vraiment de la chouchouter, parce qu'il faut tenir bébé encore quelques semaines au chaud. En la ménageant, en évitant ses colères... pour qu'en retour elle me laisse terminer cette grossesse tranquillement.

Ce n'est pas évident. Elle est très susceptible. Un rien la fâche.
Elle râle si je mange plus d'un quart de cuiller à soupe de matières grasses par jour. Elle râle si mes portions sont trop grosses. Mais elle me punit aussi si je ne mange pas assez, ou si je garde un laps de temps trop important entre deux repas.
Mais tant que ce sont de petites colères (nausée, diarrhée, vésicule douloureuse), je gère encore bien.

Elle me prévient quand je dépasse les bornes (un peu comme Maurice le poisson rouge), et désormais je tiens compte de ses avertissements.

mercredi 2 août 2017

Premier post !



Je suis une femme de 40 ans, tout pile.

J'habite avec mon compagnon une jolie maison dans un endroit magique, entre mer et montagne, sous un ciel toujours bleu.

J'ai eu la chance de pouvoir mettre au monde 3 enfants absolument extraordinaires.

Après de nombreuses mésaventures, et le deuil très difficile de deux bébés que je ne pourrai jamais serrer contre moi, un nouvel enfant, très désiré, a fait son nid en moi.


Bien sûr, c'est une grossesse psychologiquement compliquée, comme toutes les grossesses qui suivent une ou plusieurs fausse-couches.

Pendant toute la première moitié de cette grossesse, je n'ai absolument pas réussi à me projeter, à me connecter à ce bébé, de peur de revivre la même souffrance, le même arrachement, le même vide.

Mais ce bébé-là va bien. Il s'accroche.

Dès les premiers mois, j'ai connu de très nombreux soucis gastriques, que je mettais sur le compte de ce début de grossesse. Nausées, vives douleurs gastriques, diarrhées parfois...

Jusqu'au jour où un évènement survint de façon tout à fait inattendue, en fin de soirée. J'étais alors enceinte de 20SA.

Une douleur horrible, insoutenable prit naissance dans ma poitrine. Comme une sorte d'étau qui serre très très fort la poitrine (j'ai cru faire une crise cardiaque !), juste au-dessous des seins, surtout du côté droit.

Puis une seconde crise survient, le surlendemain, beaucoup plus longue cette fois-ci (5 heures non-stop). Fuck le samu avec leur gastro, je file aux urgences.

Là, j'ai enfin droit à une échographie, et le diagnostic tombe : lithiases biliaires (c'est à dire des calculs dans la vésicule biliaire), et un début de cholecystite (inflammation/infection de ladite vésicule). Je suis hospitalisée en chirurgie viscérale au Centre Hospitalier de Monaco.

Compte tenu de ma grossesse en cours, le chirurgien décide de ne pas opérer.

Après quelques jours d'hospitalisation sous antibiotiques IV pour guérir l'inflammation, j'eus pour instruction de rentrer chez moi, et de mener ma grossesse à terme avec "un régime léger, sans gras".

En me documentant sur les groupes de paroles dédiés aux personnes souffrant de lithiases biliaires, je vis tout de suite que les recommandations étaient beaucoup plus compliquées que ça, en réalité :

Pas de matières grasses. Aucune. Ni cuite, ni crue.

Pas de sucre : aucun produit sucré, surtout le sucre raffiné, mais globalement tous les sucres.

Pas de produits laitiers.

Pas d'oléagineux.

Pas de café, pas de thé.

Pas de viande rouge, ni de viande grasse.

Pas d'oeufs. Jamais. Sous quelque forme que ce soit.

Pas d'alcool (mais enceinte cela va de soi)

Pas de poissons gras.

Pas d'épices.

Pas de féculents "blancs".

Pas de légumes difficiles à digérer.

Aucun aliment industriellement transformé.

De toutes petites portions, mais plusieurs fois par jour.


J'avais ordre de retourner directement aux urgences en cas de nouvelle crise.

C'est ce qui arriva à deux mois et demi plus tard, à 31SA (avec une pancréatite aigue, rien que ça) pour avoir goûté un morceau d'environ 1cm3 de gateau au yaourt.


Me voici arrivée à 35SA au moment où j'écris ces lignes. Huit mois et demi de grossesse. Le bébé va bien, il grossit et grandit normalement. Mais moi je n'ose plus rien manger.

J’alterne donc entre pommes de terre, courgettes et haricots verts cuits à la vapeur sans le moindre assaisonnement, de la dinde ou du blanc de poulet bouilli, et du riz complet ou des pâtes complètes en très petite quantité.

En collation, compote de pommes sans sucre ajoutés, une demi-pomme, ou une petite banane, avec du pain complet. Quelques pruneaux pour stimuler le transit, et bien sûr de l'eau ou des tisanes.


Je devrais consommer dans les 2400 calories quotidiennes, je tourne joyeusement à 600 ou 700. J'ai perdu 15 kilos depuis le diagnostic initial et la perte de poids est régulière et constante.

Lors de ma dernière hospitalisation pour pancréatite, j'étais tellement anémiée que j'ai fait un malaise avec une tension tombée à 6... j'ai eu, du coup, droit à deux cures de veinofer (et à une jolie phlébite au poignet).

Comment est-ce que tout cela va se terminer ? Pour ce bébé ? Pour moi ?


Ajoutez à cela que j'ADORE cuisiner, que les jours où la dénutrition ne m'affaiblit pas trop, je continue à cuisiner des petits plats pour les miens.

Et que c'est une torture, à chaque fois, mais que j'ai besoin malgré tout de rester connectée aux aliments, de ne pas oublier le plaisir de les manipuler, de les cuisiner, même si je ne peux même plus, désormais, ne serait-ce que goûter à ce que je cuisine pour en vérifier la cuisson ou en rectifier l'assaisonnement : trop risqué.

Parfois je n'ai pas de mots pour décrire ce que je vis... parfois au contraire je ressens le besoin urgent d'extérioriser cette immense frustration, alors, pourquoi pas ici...

Ma grossesse et mon énorme perte de poids concomitante sont une source de stress immense, s’additionnant à l'angoisse créée par l'état de ma vésicule, de ses douleurs et des risques encourus (la pancréatite est une maladie potentiellement mortelle, tant pour le foetus que pour la mère).

Techniquement, je n'ai pour le moment pas le choix, je dois attendre. Les chirurgiens évoquent un délai de 3 mois post-partum pour une cholécystectomie (le terme technique pour l'ablation de la vésicule), pour laisser au corps le temps de se remettre de l'accouchement... je ne suis donc pas sortie de l'auberge.

Mais j'essaie de garder moral et courage...

Bientôt, je célébrerai à la fois l'arrivée d'un beau bébé, et le départ de cette satanée Vésiculette !