samedi 24 août 2019

Le lien lacté, mon lien d'amour



Avant que mes mots ne soient lus, je souhaite poser une précision importante :
Ce texte n'a pas pour vocation de mettre la pression aux mères pour les inciter à allaiter leur bébé, ou de stigmatiser celles qui ne l'ont pas fait.
La façon dont  une mère et un père décident de nourrir leur enfant est un choix personnel, qui leur appartient, et que chacun doit respecter.
Cette publication est un témoignage, qui n'a pas d'autre but que celui de consigner mes réflexions et mon vécu sur la question de l'allaitement maternel, et relater l'histoire qui fut, et est encore, la mienne, celle de nos enfants, et de leur papa.




Dimanche dernier, j'ai reçu la visite de mon meilleur ami d'enfance, de sa compagne, que j'aime beaucoup, et de leur bébé de 6 mois dont j'ai fait la connaissance.
Ce fut une naissance difficile, et la mise en route de l'allaitement fut compliquée. A cette époque, cette jeune maman m'avait alors dit : "tu es la seule personne que je connaisse qui allaite, peux-tu m'aider ?".

Et c'est bien sûr ce que j'ai fait, du mieux que j'ai pu. Je ne connais pas grand chose dans beaucoup de domaines, mais l'allaitement maternel est un sujet qui me tient immensément à coeur et sur ce sujet, je sais que je peux soutenir et conseiller efficacement.

Ce dimanche, lors de sa visite, elle m'a dit que non seulement ce soutien et ces conseils avaient été prépondérants dans la conduite de son allaitement, mais qu'elle avait transmis mes longs messages de soutien et de conseils à une amie de sa connaissance, jeune maman qui, à son tour, peine à mettre en place son allaitement. J'ai ainsi pu aider non pas une maman mais deux à conduire leur allaitement. Cela m'a touchée et émue... jusqu'au bout des étoiles, comme dirait PoupiGarçon.



Je ne suis pas issue d'une famille où l'on nourrit les bébés au sein.

Je n'ai moi même été allaitée que quelques courtes semaines avant que le pédiatre enjoigne à ma mère de me donner du lait de vache. Du propre aveu de cette dernière, cela l'arrangeait plutôt : elle n'aimait pas vraiment le fait d'avoir un bébé au sein.

Mes nièces et neveux, nés quelques années après moi, n'ont pas non plus été allaités : je me souviens avoir aidé ma grande soeur à préparer leurs biberons et d'avoir chipé de la poudre dans les dosettes, parce que j'en aimais le goût !!

Certaines femmes ne souhaitent pas du tout allaiter.
D'autres auraient aimé pouvoir le faire mais ont jugé qu'un allaitement n'était pas compatible avec une reprise rapide du travail. Parfois, on n'a tout simplement pas le choix.

Et puis il y a toutes celles qui auraient voulu, qui auraient aimé, qui auraient pu... mais il faut être honnête : à cette époque, il y avait un réel plébiscite des préparations commerciales pour nourrissons (PCN).

Simples à préparer, rassurantes pour les mères car permettant de contrôler les quantités ingurgitées par le bébé, plus faciles à gérer pour les pédiatres qu'un début d'allaitement au sein, les PCN satisfaisaient les parents comme les professionnels de santé.
Les mères ne disposant pas, à cette époque, d'un vaste accès à l'information leur permettant de se documenter par elles-mêmes, les paroles du pédiatre en termes d'allaitement étaient donc souvent paroles d'évangile (alors que ces derniers étaient et sont encore, pour énormément d'entre eux, très peu voire pas du tout formés à accompagner et soutenir les mères sur le chemin de l'allaitement maternel, comme le soulignait le rapport ministériel du Professeur Turck en juin 2010).
Les industriels des PCN ne s'y sont pas trompés, et ont saisi l'aubaine.




Mais quand j'ai eu l'âge d'être mère à mon tour, les choses avaient changé. Les immenses bénéfices de l'allaitement maternel sur la santé des nouveau-nés et des nourrissons avait été étudiés, documentés, prouvés de façon irréfutable. L'allaitement était conseillé et encouragé, et avec l'arrivée d'internet, les informations furent largement plus faciles à trouver pour les mères qui le souhaitaient.

Cependant, les années passant, je me suis trouvée littéralement entourée de jeunes mères qui avaient eu à coeur d'allaiter leur bébé, et qui, malgré toute leur volonté, avaient vu leur allaitement échouer très peu de temps après leur accouchement.

"L'allaitement, c'est très difficile", "c'est trop douloureux", "je n'avais pas de lait", "mon lait n'était pas nourrissant", "mon lait s'est tari"... aucune mère, parmi mes connaissances, n'avait réussi à mener à bien son allaitement. Cela me semblait incompréhensible.
Comment l'humanité avait-elle pu perdurer jusqu'ici, si tant de mères (qui pourtant le souhaitaient) ne parvenaient pas à nourrir leur bébé de la façon dont la nature l'avait prévu ?

Malgré ces échecs, lorsque j'ai appris que j'attendais mon premier enfant, l'allaitement maternel s'est imposé à moi comme une évidence, en raison de ses très nombreux bienfaits. Un peu alarmée toutefois par le nombre terrifiant d'allaitements échoués autour de moi, j'ai commencé dès ma grossesse à rassembler des informations, à mettre toutes les chances de mon côté pour réussir.

J'ai acheté un livre, un seul : "L'allaitement", de Marie Thirion. Ce livre est parfait. Ce livre est une bible qui m'a accompagnée sur toutes les tables de chevet de toutes les maternités où j'ai accouché. Ce livre fut mon pilier pour réussir. A chaque fois.

Puis, encore enceinte, je me suis rendue aux rencontres de La Leche League à Nice (il s'agit d'une association qui soutient et accompagne les mamans allaitantes).
Ces rencontres ont eu un impact immense sur ma vie puisqu'en plus de la somme considérable de conseils liés à l'allaitement que j'ai pu y glaner, j'y ai fait la connaissance de jeunes femmes adorables dont certaines sont devenues des amies très chères, qui le sont toujours à ce jour.

J'ai mis à profit le temps libéré par mon congé maternité pour parcourir ces ressources, j'en ai retenu quelques grandes lignes :

- on met le nouveau-né au sein le plus tôt possible après la naissance,
- on allaite son nouveau-né à la demande (pas de limite au nombre de tétées, ni de durée, ou d’intervalle fixe à respecter),
- la bonne position du bébé au sein est capitale les premières semaines pour éviter les crevasses,
- on surveille les selles (leur couleur et leur aspect est un excellent indicateur), et le nombre de pipis, pour s'assurer que le bébé boit suffisamment,
- la production de lait maternel fonctionne sur le principe de l'offre et de la demande : en clair plus un bébé tète, plus le mamelon est stimulé, plus la production de lait s'accroît. L'inverse est donc vrai aussi. Un bébé qui tète moins pour telle ou telle raison (parce qu'il est complémenté au PCN durant le séjour à la maternité, ou qu'on lui donne une sucette pour combler son besoin naturel de succion par exemple), stimule moins le sein qui en retour produit moins, le bébé a donc moins de lait, il ne grossit pas, il faut le complémenter davantage, il tète de moins en moins, le lait se tarit.




Ainsi, mon premier bébé est né. J'ai suivi les conseils. J'ai veillé à sa position lors de la mise au sein, à l'allaiter aux signes d'éveil, surveillé ses couches. Proximité, tétées à la demande, contact peau à peau.
Et... tout s'est bien passé.

Cela n'a pas toujours été facile : il souffrait de coliques du nourrisson que j'étais impuissante à soulager. Alors que sa courbe de poids était absolument normale et harmonieuse, des pédiatres m'ont alors conseillé de le complémenter aux PCN, juste parce que "bah pourquoi pas, pour ses coliques, hein". Ah, et puis pour qu'il "dorme mieux", aussi (comprendre : qu'il se réveille moins la nuit).

Mais je m'étais armée pour faire face à ces "conseils". J'avais des réponses. Je savais que sur le plan nutritionnel mon bébé allait parfaitement bien. Vers trois mois les coliques ont cessé. Il a continué à se réveiller la nuit, et je l'ai accepté parce que c'est un bébé.

Eh oui, en naissant, les bébés ne savent pas qu’il faut dormir la nuit et être réveillé le jour.
Pendant les premières semaines, la plupart des bébés nourris au sein se réveillent toutes les deux à trois heures, le jour comme la nuit, pour se nourrir.

On dit que, étant donné que le lait maternel est plus facile à digérer que les PCN, les bébés allaités au sein auront tendance à avoir l’estomac vide plus rapidement et se réveilleront plus souvent pour se nourrir, le jour comme la nuit. Cependant, une étude très sérieuse de 2012 a mis en lumière le fait que le sommeil des bébés nourris au biberon n'est, en réalité, pas meilleur que celui des bébés nourris au sein.
Par ailleurs, le sommeil des mamans qui donnent le sein semble être de meilleure qualité, plus réparateur, grâce à la libération de prolactine et d'ocytocine déclenchés par l'éjection de lait.

Il n'y a donc pas de dogme en la matière. Chaque bébé a des habitudes d'alimentation et de sommeil différentes, qu'il soit allaité ou pas.

Certains bébés allaités dormiront comme des marmottes. J'en connais ! (pas les miens hélas, hum !)
Pour d’autres, une nuit complète de sommeil ne se produira pas avant plusieurs mois, selon le besoin de tétées, de confort et d’attachement du bébé.
Car oui, les réveils de nuit ont des causes beaucoup plus complexes que le simple fait d'avoir faim, beaucoup de bébés se réveillent pour combler un besoin de contact et de réassurance, besoin que comble parfaitement le réflexe de succion. Et c'est comme cela depuis la nuit des temps !

Un bébé se réveille la nuit pour téter, et se rendort...ou pas. Tous ne le font pas, mais la plupart le font. C'est comme ça. C’est un comportement normal.





Fils Aîné avait deux ans lorsque sa soeur est née.
Il tétait encore, et pour moi il était hors de question de stopper un apport lacté dont il avait besoin, mais je ne voulais bien évidemment pas courir le risque que mon bébé nouveau-né puisse manquer de lait.

Par le biais de La Leche League je me suis rapprochée de mamans qui co-allaitaient et j'ai constaté par moi-même que le corps, cette machine fantastique, était capable de s'adapter, et de moduler sa production de lait pour nourrir deux enfants.

Alors j'ai allaité simultanément mes deux enfants. Petite Chérie fut une belle grosse boule de bébé qui a toujours eu une courbe de poids très harmonieuse.

Ensuite est né PoupiGarçon.
Fils aîné ne tétait plus à cette période mais Petite Chérie avait alors 2 ans. A nouveau, j'ai co-allaité mes deux enfants, sans la moindre encombre.



Ah, bien sûr, j'ai eu affaire aux réflexions des gens. Amis ou proches non informés, voire soignants... Pour ça, il faut être sacrément accrochée, dès lors que l'on souhaite allaiter son enfant au-delà de la diversification alimentaire.
Et j'avoue que, encore maintenant, au bout de 4 allaitements, ce genre de remarques non sollicitées me met encore beaucoup les nerfs en pelote...

Tu l'allaites encore ? Mais il a 6 mois ! 

Mais oui ! L'OMS préconise un allaitement exclusif jusqu'à 6 mois, âge auquel débutera une diversification alimentaire progressive. L'OMS précise en outre que le bébé doit continuer à recevoir, en plus de l'alimentation solide, un apport régulier de lait AU MOINS jusqu'à l'âge de 2 ans. C'est à dire même au-delà, si on le souhaite. Il se trouve justement que son père et moi, cela nous convient alors mêle-toi de ce qui te regarde.
Pour plus d'informations concernant l'allaitement long, lire ici.

Mais tu as encore du lait qui sort ??

Non, il prend le sein juste pour le folklore. Evidemment oui, il y a toujours du lait. Tu veux que je te montre comment il déglutit ?

Il faut le passer au lait de croissance, maintenant !

Si l'OMS me dit que mon tout-petit a besoin de lait au-delà de 2 ans, si moi, sa mère, je produis pour lui, spécialement pour lui, un lait qui est plus que tout autre adapté à lui, pourquoi stopper ce fantastique apport lacté (qui est par ailleurs gratuit, toujours à la bonne température, et prêt à toute heure) pour lui donner un lait artificiel en poudre ? Juste, pourquoi ? Pourquoi y penser, pourquoi surtout le suggérer à une mère qui n'a pas sollicité ton avis, pourquoi ?

Tu le fais parce que ça te fait plaisir à toi, en fait.

Hum bien sûr, oui. Va donc le lui dire à lui, quand lui a envie de téter et que j'ai, moi, mille autres choses urgentes à faire, par exemple préparer le repas, plier ces montagnes de linge, traiter l'administratif ou encore faire le ménage. Ou encore, quand je dois laisser en plan ces choses qui me font plaisir à moi, comme lire, crocheter, jardiner, écrire... parce que c'est un enfant, que téter est important pour lui, et qu'il ne veut rien savoir.
Allaiter est important pour moi, j'aime ce lien profond avec mon enfant mais on n'entreprend pas un allaitement non écourté par plaisir, non, surtout quand on est à la tête d'une famille nombreuse. Croyez-moi sur parole.
Et puis, autre chose... on ne peut pas forcer à téter un enfant qui n'en a pas envie. S'il tète, c'est parce qu'il en a envie, et/ou besoin.

Mais le lait maternel, passé 6 mois, c'est de l'eau.

C'est tragique de dire cela à une mère, car c'est complètement faux. Le lait maternel est toujours nourrissant et adapté au bébé qui le reçoit, quel que soit son âge. Le lait maternel "pas nourrissant" n'existe pas. Ce qui existe en revanche, c'est un bébé qui ne reçoit pas les bonnes quantités de lait nécessaire à son bon développement (ce qui n'a rien à avoir avec la qualité du lait) : c'est le plus souvent la conséquence d'une conduite inadaptée de l'allaitement dues à de mauvaises recommandations (espacement ou limitation du nombre des tétées, voir plus haut). Ce qui peut toujours être rectifié avec des conseils appropriés, on le verra plus bas.

Mais tu vas l'allaiter jusqu'à ses 18 ans ou quoi ? 

Il prendra du lait tant qu'il en manifestera le besoin, en quoi est-ce un problème ? Quand tu vois un tout-petit prendre son lait de croissance au biberon, tu demandes aussi à ses parents s'ils le lui donneront jusqu'à 18 ans ? Pourquoi est-ce plus gênant qu'il le prenne au sein ?

Mais n'est-ce pas malsain, incestueux ?

Si tu vois le sein féminin comme étant rien d'autre qu'un objet sexuel c'est ton problème, et uniquement le tien. La nature a prévu les seins avant tout pour permettre aux femmes de nourrir leur enfant bien au-delà de six mois, et c'est ce que je fais, comme des milliards d'autres femmes avant moi, depuis toujours. Les historiens et les anthropologues confirment que chez de nombreux peuples, l'allaitement long, jusqu'à 2, 3 ou 4 ans, était la règle, et que ça l'est encore dans maints endroits du globe (source). Que ce ne soit pas ton truc ne t'autorise en rien à juger ceux qui font les choses différemment, et encore moins à leur adresser des accusations aussi abjectes, blessantes et ineptes.

Mais ça te fatigue ! 

Non, en fait c'est plutôt bon pour ma santé.



Ce type de réflexions, j'en ai eu pléthore... et j'en entendrai probablement encore.

Si j'ai appris à me blinder vis-à-vis des réflexions des proches, je trouve en revanche plus ennuyeuses celles venant de professionnels de santé, en premier lieu parce qu'ils n'ont pas à donner leur avis sur la façon, sein ou biberon, dont leur patiente choisit d'administrer son lait à son enfant du moment que celui-ci en reçoit en suffisance et en suivant les recommandations de l'OMS (recommandations inscrites, faut-il le rappeler, sur le carnet de santé qui nous est remis à la maternité).
Sein, biberon, il s'agit là d'un choix personnel qu'il ne leur appartient nullement de juger. Leur rôle est de donner un avis médical, c'est tout à fait différent, c'est déjà beaucoup, et on ne leur en demande pas davantage.

D'autre part, comme je l'écrivais plus haut, ils sont très souvent peu ou mal formés (3h de cours sur l'allaitement en 5 années de médecine...) ce qui signifie que, s'ils ne se forment pas de leur propre initiative, ils n'en savent pas plus que moi en matière d'allaitement maternel, voire moins, et véhiculent pourtant des clichés absurdes et culpabilisants qui peuvent mener des mères à interrompre prématurément un allaitement qu'elles auraient aimé continuer. C'est triste pour elles, et triste pour leur bébé.



Pour ma part j'ai donc mis en place pour nous un sevrage non induit, un sevrage naturel. Mes trois premiers enfants ont délaissé le sein d'eux-mêmes quand ils n'en ont plus eu envie. Leur papa et moi n'avons rien décidé, rien forcé, rien suggéré. Ils ont choisi.
Fils Aîné s'est sevré tout seul vers 4 ans.
Petite Chérie a cessé de téter toute seule, vers 4 ans aussi.
Et PoupiGarçon s'est détourné du sein à 3 ans, au moment où j'étais enceinte de JoliBébé.

Sur ce, mon petit coeur est arrivé.
A ce stade-là, pour moi, l'allaitement maternel, c'était fingerinzenose, je maîtrisais !

Mais mon JoliBébé, né avec deux petites semaines d'avance, allait me poser un sérieux challenge.

Il était un peu fatigué. Les premières 24h, il dormait énormément.
Oh, j'en avais vu d'autres, PoupiGarçon aussi était un nouveau-né très dormeur. Je savais quoi faire pour le stimuler : le déshabiller pour le mettre en couche, lui faire des chatouilles, souffler doucement sur son visage...
Mais rien à faire... il tétait 2 minutes puis se rendormait profondément.

Le temps passant, il tétait de moins en moins.
Il a quand même fini par reprendre son poids de naissance, donc nous sommes sortis de la maternité au bout de 3 jours, mais juste après cela, son poids s'est mis à stagner totalement.

Ma lactation n'étant pas suffisamment stimulée, ma production de lait baissait : quand JoliBébé tétait, il ne recevait du coup plus assez de lait pour couvrir ses besoins, par conséquent il se mettait en mode "économie d'énergie" et il dormait encore plus, car il n'avait plus assez d'énergie pour faire autre chose.

Quand il a eu 4 ou 5 jours, je l'ai trouvé très jaune. Je me suis donc rendue avec cette toute petite boule de bébé aux urgences pédiatriques de Monaco pour vérifier qu'il ne s'agissait pas d'un ictère du nouveau-né, sur conseil du médecin généraliste vu près de chez moi ce jour-là, qui n'avait pas le matériel nécessaire pour le flasher et mesurer le taux de bilirubine.

Flash aux urgences pédiatriques : la mesure n'est pas pathologique. La pédiatre me parle d'ictère au lait maternel : un ictère physiologique, non pathologique et pas du tout inquiétant selon elle.

Sauf que non, mon instinct de mère me souffla que c'était inquiétant. Je ne voyais pas assez de selles, et ce nouveau-né qui dormait beaucoup trop, ne tétait vraiment pas suffisamment. Quelque chose n'allait pas.

Tout le reste de l'examen fut parfait, sauf que, au moment de la pesée, nous constatâmes que JoliBébé non seulement n'avait pas grossi, mais avait perdu du poids depuis notre sortie de la maternité 2 jours plus tôt !
Là, je commence à m'inquiéter vraiment. Je le mets au sein toutes les 1h30, je le surstimule à chaque tétée, il s'éveille peu à peu, j'obtiens enfin des selles et des urines régulièrement, et je patiente jusqu'au rdv des 8 jours chez MA médecin généraliste et amie, qui suit mes enfants depuis toujours, à Nice. Maman de 5 enfants, elle est aussi super calée en allaitement.

Là, on le pèse et c'est le choc : depuis la dernière pesée à Monaco 4 jours auparavant, il n'a pris que 20 grammes !

Mon amie ne s'inquiète pas trop, car il est tonique et l'examen clinique est bon, néanmoins elle me laisse 3 jours pour qu'il prenne du poids, sinon "faudra faire quelque chose"... le choc pour moi.

Alors j'ai appelé la Consultante en lactation de l'hôpital.
Je l'avais déjà contactée avant la naissance de JoliBébé pour préparer mon hospitalisation (j'ai du être opérée quand JoliBébé a eu 1 mois et demi pour dire bye-bye à Vésiculette), nous avions discuté.
Par chance, elle habitait non loin de chez moi... elle est donc venue à la maison le soir-même de ce rendez-vous, et ensemble nous avons tout passé en revue, point par point.

Il n'y a pas de frein, la succion est bonne, l'ouverture de la bouche aussi, le positionnement au sein idem mais selon elle, JoliBébé est probablement assez fatigué par l'ictère, qui n'est pas un ictère au lait maternel contrairement à ce qui m'a été dit, mais un ictère du au manque de lait !

La jaunisse chez le bébé qui ne reçoit pas assez de lait maternel

Des taux de bilirubine supérieurs à la normale ou une jaunisse prolongée peuvent survenir si le bébé ne reçoit pas suffisamment de lait. Une « montée de lait » tardive, des routines hospitalières qui limitent l'allaitement, ou, plus souvent encore, une mauvaise prise du sein par l'enfant, peuvent avoir pour conséquence une absorption insuffisante de lait par le bébé (voir l’article n° 4, Le bébé prend-il assez de lait?). Lorsque le bébé reçoit peu de lait, ses selles deviennent rares et peu abondantes, ce qui provoque la réabsorption dans le sang de la bilirubine présente dans le tube digestif du bébé, étant donné que l’élimination par les selles est limitée. Évidemment, la meilleure façon d'éviter la jaunisse causée par une absorption insuffisante de lait est un bon démarrage de l'allaitement.
La solution pour ce type de jaunisse n'est certainement pas de cesser l'allaitement ou encore donner des biberons. Si le bébé tète correctement, des tétées plus fréquentes peuvent suffire à faire baisser plus rapidement le taux de bilirubine, quoique, en réalité, il ne soit pas nécessaire d’intervenir. Par contre, si le bébé tète mal, une correction de la mise au sein lui permettra de téter plus efficacement et de recevoir davantage de lait. La compression du sein peut aussi être utile pour aider le bébé à obtenir plus de lait. (source


Manque de lait lui même causé par le fait qu'il dorme tout le temps et qu'il s'endorme au sein, bref, cercle vicieux dont il fallait effectivement sortir, mais elle se montra très confiante.
!

Les trois jours suivants, j'ai confié les 3 aînés à leur papa pour me lancer dans un véritable marathon tétées.  Bébé aux deux seins toutes les heures, tire-lait double pompage en dehors des tétées pour stimuler la lactation, compression des seins, cure de tisane d'allaitement, etc. Le lait a jailli comme une fontaine !
Très vite, j'ai retrouvé un bébé complètement éveillé, des selles jaune d'or et plein de pipis. Nouvelle pesée 3 jours plus tard chez notre médecin : il a pris 150g !! en 3 jours !!

Il a continué à prendre du poids régulièrement, puis son poids s'est stabilisé et j'ai pu lever ma vigilance, tout en continuant à l'allaiter normalement.

Un heureux dénouement, donc.
Un heureux dénouement oui, mais parce que j'étais fermement déterminée et motivée à réussir cet allaitement, efficacement soutenue par le papa, bien sûr, mais surtout parce que j 'ai été entourée de bons professionnels de santé, efficaces et formés, ce qui n'est malheureusement pas le cas de beaucoup de mamans.

Parce que c'était mon 4ème allaitement, je savais que quand un bébé urine beaucoup, que les selles sont nombreuses et bien jaunes, il n'y a en théorie pas de quoi s'inquiéter, j'ai donc été très soulagée de voir les choses revenir à la normale de ce côté-là, avant même la pesée qui nous a tous rassurés.

Maintenant si je me mets à la place d'une toute jeune maman qui n'a jamais allaité, entourée de professionnels de santé comme il en existe tant, non formés au soutien des mères allaitantes : l'allaitement aurait été stoppé, cela ne fait pas le moindre doute.

Autrefois, les mères allaitantes étaient soutenues et conseillées par une communauté de femmes, proches ou moins proches, qui avaient allaité avant elles et qui savaient de quoi elles parlaient. Dans nos sociétés, désormais, il me semble que nous avons perdu ce lien.

Un grand nombre d’études ont montré que les mères doivent recevoir un soutien actif pour instaurer et maintenir une pratique adaptée de l’allaitement. L’OMS et l’UNICEF ont lancé l’initiative "Hôpitaux amis des bébés" : c'est très bien, mais cela ne suffit pas. Les professionnels de santé exerçant en ville devraient, à mon sens, recevoir le même niveau de formation.



Aujourd'hui, JoliBébé a 16 mois et il tète toujours. Il mange bien, et tète souvent. Oh, ce n'est pas un gros bébé. Aucun de mes enfants n'a jamais été dodu, c'est leur métabolisme et c'est ainsi. Ce sont tous des enfants très toniques, très musclés, très "moteur".
Mais il a plaisir à téter !


C'est donc une aventure lactée débutée en 2009 qui se prolonge avec l'arrivée de ce nouvel enfant. Déjà 10 ans d'allaitement non-stop et probablement encore 2 ou 3 ans de tétées devant nous.

Comme ses frères et soeurs, celui-ci tètera jusqu'à ce qu'il n'en ressente plus l'envie, et alors mes années d'allaitement seront derrière moi pour toujours.

C'est une page de ma vie qui se tournera, mais une page très importante, qu m'a définie tout au long de ces années.

J'aimerais beaucoup pouvoir donner à d'autres mères autant que j'ai reçu... c'est une activité bénévole vers laquelle j'aimerais me pencher dans les années à venir, si mes obligations familiales m'en laissent un jour le temps.





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1 commentaire:

  1. Bonjour
    Je découvre ton article seulement aujourd'hui, en pleine tétée avec mon petit dernier de 9 mois !
    Nous avons eu un début de parcours assez similaire avec l'allaitement... Et un livre en commun qui m'a tellement rassurée. Avec un peu plus de 3 ans d'allaitement (2ans 1/2 et 9 mois qui dureront j'espère encore) ca fait plaisir de partager cette expérience avec d'autres mamans car je suis une rareté parmi mon entourage 🙁

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