La Fête Médiévale de La Brigue

Situé dans la haute vallée de la Roya, La Brigue est un village de 633 habitants, classé monument historique.

Il s'élève sur un plateau longeant une rivière, la Levenza, à 770 mètres d'altitude.

Le village est facilement accessible depuis Vintimille en Italie, en suivant la route nationale menant au Col de Tende, puis, en l'abandonnant à la hauteur de la ville de Saint Dalmas de Tende pour prendre la Route Départementale 6204, en tournant à droite dans la vallée de la Levenza.

Jusqu'en 1947, La Brigue était italienne. Elle portait le nom de Briga Marittima, et appartenait à la province de Cuneo, dans la région du Piémont. À cette date, faisant suite au Traité de Paris, elle fut cédée à la France et devint alors une commune française, en même temps que le hameau de Morignole qui lui est rattaché.

La Brigue appartient donc désormais au département français des Alpes-Maritimes, et fait partie du Comté de Nice. Son territoire s'étend jusqu'à la frontière avec l'Italie.

Depuis 1996, chaque troisième week-end de juillet se tient à la Brigue une grande Fête Médiévale, qui est l’un des événements majeurs de la saison estivale dans toute la vallée de la Roya.

Cette année, nous avons décidé de saisir cette occasion pour découvrir ce village que nous ne connaissions pas encore.

Nous y voilà !

La Brigue est un village qui a vraiment beaucoup, beaucoup de charme, c'est ce qui frappe de prime abord.

Aux alentours du village on aperçoit de très jolies maisons aux toits couverts de lauzes, aux balcons en bois, parfois munis d’une balustrade de métal forgé.

La Brigue - maisons aux toits de lauzes

Au centre de la Brigue coule le "Rio Secco", séparant le village en deux. C'est un petit ruisseau normalement dépourvu d’eau, comme son nom l’indique, mais qui devient un torrent caractériel en période de gros orages.

Le village de La Brigue, dont le centre est classé monument historique, est un bel exemple de village médiéval assez bien conservé, organisé le long de routes intérieures assez larges, reliées entre elles par des ruelles étroites caractérisées par de petites arches qui relient les différentes maisons, par des passages voûtés et par des placettes, semblables à de petites cours, autour desquelles les différentes maisons sont aménagées. 

Le long des rues intérieures de la ville, on trouve des maisons datant de l'époque médiévale particulièrement remarquables, souvent modifiées au cours des siècles, dont le rez-de-chaussée comporte des pièces de différentes tailles, utilisées à l’origine en tant qu'écuries, ou destinées au commerce.

Les pièces à vivre se trouvaient aux deux ou trois étages supérieurs, presque toujours desservis par un escalier intérieur accessible depuis la voie publique par une entrée comportant souvent des jambages et des superpositions monumentales en pierre locale sculptée dans un bas-relief (voir plus bas).

L'identité culturelle est très présente.

Le château Lascaris (15è siècle) domine le village par sa tour, seul élément encore intègre de ce bâtiment aujourd'hui en ruine. Le château, par sa structure médiévale complexe dont restent quelques murs des salons de noblesse (aujourd'hui pour la plupart reconvertis en jardins potagers) et les traces du pont-levis, témoigne de la puissance des seigneurs médiévaux de La Brigue issus de l'illustre famille Lascaris.

Les innombrables linteaux armoriés des 15 et 16èmes siècles qui décorent les entrées des vieilles maisons brigasques constituent une autre curiosité du village.

On y retrouve des sculptures en bas-relief, parfois accompagnées de textes, en bas-relief aussi ou encore incisés dans la pierre.

Les linteaux de La Brigue peuvent être répartis en trois grandes familles : les linteaux décorés de motifs religieux, ceux décorés d'armoiries et d'initiales des familles les ayant fait poser, et enfin ceux portant des phrases d'ordre moral ou religieux. Parfois les trois styles cohabitent sur un même linteau. 
On peut voir quelques exemples ci-dessous :

L'utilisation des linteaux est courante dans toute la vallée de la Roya, mais chaque village se distingue par l'utilisation de pierres différentes, dont la coloration varie selon la carrière d'où elles étaient extraites : mauve pour Fontan (carrière des gorges de Saorge), verte à Tende ou encore noire à La Brigue (carrière de Triora).

En amont du village, en suivant le Rio Secco, on découvre le Cà d'arbinée. Cela signifie "maison des abeilles" en brigasque (la langue locale). C'est un contrefort de pierre qui protège les ruches des voleurs, des intempéries ou des prédateurs.

La principale spécialité culinaire de la Brigue, que l'on retrouve sur tout le territoire de la Roya, sont les sügéli, des pâtes fraîches rappelant les orecchiette italiennes, obtenues en mélangeant de la farine de blé et de l’eau et assaisonnées de pecorino et de brùs.

Nous n'avons pas eu l'occasion d'y goûter, et je n'ose pas encore me lancer à faire moi-même ces pâtes, dont la confection me semble très compliquée.

Mais à l'occasion de la fête médiévale, des spécialités plus générales étaient proposées : 

tartes maison

fromages et saucissons

Barbajuans

Tourtes de Saorge

Des beurres qui sortent de l'ordinaire

La fête en elle-même proposait un grand banquet à thème, que nous avons choisi de passer, préférant notre pique-nique de tourte et de castagniccio faits maison.

Le campement médiéval en lui-même était beau, l'ambiance très bon enfant, avec la présence en grand nombre de troupes de musiciens de rue, et de personnes costumées et passionnées par leurs démonstrations.

On appelle les habitants de La Brigue les brigasques. La population de La Brigue a atteint son apogée au Moyen Âge, avec environ environ sept mille habitants.
Aujourd'hui, l'exode rural a fait son oeuvre. Le nombre d'habitants est fort réduit en hiver. Mais il augmente considérablement en été, le village étant très fréquenté par les touristes et les propriétaires de résidences secondaires. La Brigue est également fort appréciée par les amateurs de montagne en tant que point de départ de randonnées. En effet, bien qu’il ne soit pas situé à haute altitude, le village se trouve à proximité de sommets de plus de 2 000 mètres d'altitude, tels que le Saccarello, le Marguareis et le Bertrand, sans oublier la fantastique vallée des Merveilles, située seulement à quelques encâblures de là.

Il y avait beaucoup de personnes à la Brigue ce dimanche en raison de la fête, mais tout le monde était très gentil. En fin de journée, une maraîchère m'a même donné une cagette de 10 kilos d'abricots trop mûrs pour être vendus, mais parfaits pour des confitures.

La chaleur était extrême, et porter ces lourds kilos de fruits jusqu'à la voiture fut bien laborieux ! Sur le chemin du retour, nous sommes donc allés tremper nos pieds dans les eaux fraîches de la Levenza.

Ce fut une belle journée au cours de laquelle les petits en ont pris plein les yeux, une journée qui nous rappelle encore, si besoin était, la chance immense que nous avons de vivre sur un territoire si beau, si riche et si contrasté.

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