A la maternité, on m'a dit "on vous garde". Et moi j'étais toute contente, j'allais enfin accoucher, youpi ! Ah, la naïveté des premières fois...
Ces heures furent longues, elles furent très douloureuses, elles furent intenses. J'ai pensé mourir de cette douleur, cette douleur que l'on n'oubliera plus jamais une fois qu'on l'a vécue mais qui, paradoxalement, quitte notre mémoire dès l'instant où elle cesse.
Il y a 10 ans, je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre. C'était un saut vers l'inconnu.
Il y a 10 ans, je disais avec assurance des choses comme "oh, je ne vais prendre que 6 mois de congé parental, pour qu'il soit allaité un minimum, quand même. Ils ont trop besoin de moi au boulot".
Et puis, il y a 10 ans, on a posé mon nouveau-né sur ma poitrine. Mon regard a croisé le sien, et juste comme ça, là, à cet instant précis d'il y a 10 ans, ma vie a changé. Mon monde a basculé. Les priorités qui étaient les miennes alors ont volé en éclats.
C'était il y a 10 ans, mais dans mon coeur c'était hier.
Il y a 10 ans, pétrie de doutes et d'inexpérience, je me souciais encore un peu de ce que les autres penseraient de ma façon de faire avec mon bébé. Je laissais les conseils non sollicités et les réflexions à peine voilées m'atteindre, sans oser recadrer les personnes indélicates comme il le fallait (j'ai bien changé depuis).
Aujourd'hui, ce bébé a 10 ans.
C'est un garçon intègre, franc, curieux et sensible, que tout intéresse. Il ne supporte pas la médiocrité, et il pousse constamment les autres à la remise en question.
Je le vois quitter le monde de l'enfance jour après jour. Piquer mes romans de Stephen King, partir à la plage avec ses copains, et clamer haut et fort qu'il est grand, qu'il n'a plus besoin de moi que bientôt, ah oui bientôt, il quittera la maison et qu'est-ce que ce sera bien alors.
Mais quand on se promène ensemble dans nos merveilleuses montagnes, il prend encore ma main, furtivement, sans s'en rendre compte, comme le tout petit qu'il était, il n'y a pas si longtemps.
Quand je suis occupée à lire, il vient réclamer son câlin en se pelotonnant contre moi, comme le bébé que je portais en écharpe aux premiers mois de cette nouvelle vie.
Je savoure ces instants car je sais, malgré tout, combien ils sont fugaces.
Il y a 10 ans, je ne savais pas encore combien ces dix années passeraient vite.
Mais je savais déjà que je ferais le choix de ne pas en perdre une seconde... et c'est bien le meilleur choix que j'aie jamais fait.
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