Je suis une femme de 40 ans, tout pile.
J'habite avec mon compagnon une jolie maison dans un endroit magique, entre mer et montagne, sous un ciel toujours bleu.
J'ai eu la chance de pouvoir mettre au monde 3 enfants absolument extraordinaires.
Après de nombreuses mésaventures, et le deuil très difficile de deux bébés que je ne pourrai jamais serrer contre moi, un nouvel enfant, très désiré, a fait son nid en moi.
Bien sûr, c'est une grossesse psychologiquement compliquée, comme toutes les grossesses qui suivent une ou plusieurs fausse-couches.
Pendant toute la première moitié de cette grossesse, je n'ai absolument pas réussi à me projeter, à me connecter à ce bébé, de peur de revivre la même souffrance, le même arrachement, le même vide.
Mais ce bébé-là va bien. Il s'accroche.
Dès les premiers mois, j'ai connu de très nombreux soucis gastriques, que je mettais sur le compte de ce début de grossesse. Nausées, vives douleurs gastriques, diarrhées parfois...
Jusqu'au jour où un évènement survint de façon tout à fait inattendue, en fin de soirée. J'étais alors enceinte de 20SA.
Une douleur horrible, insoutenable prit naissance dans ma poitrine. Comme une sorte d'étau qui serre très très fort la poitrine (j'ai cru faire une crise cardiaque !), juste au-dessous des seins, surtout du côté droit.
Puis une seconde crise survient, le surlendemain, beaucoup plus longue cette fois-ci (5 heures non-stop). Fuck le samu avec leur gastro, je file aux urgences.
Là, j'ai enfin droit à une échographie, et le diagnostic tombe : lithiases biliaires (c'est à dire des calculs dans la vésicule biliaire), et un début de cholecystite (inflammation/infection de ladite vésicule). Je suis hospitalisée en chirurgie viscérale au Centre Hospitalier de Monaco.
Compte tenu de ma grossesse en cours, le chirurgien décide de ne pas opérer.
Après quelques jours d'hospitalisation sous antibiotiques IV pour guérir l'inflammation, j'eus pour instruction de rentrer chez moi, et de mener ma grossesse à terme avec "un régime léger, sans gras".
En me documentant sur les groupes de paroles dédiés aux personnes souffrant de lithiases biliaires, je vis tout de suite que les recommandations étaient beaucoup plus compliquées que ça, en réalité :
Pas de matières grasses. Aucune. Ni cuite, ni crue.
Pas de sucre : aucun produit sucré, surtout le sucre raffiné, mais globalement tous les sucres.
Pas de produits laitiers.
Pas d'oléagineux.
Pas de café, pas de thé.
Pas de viande rouge, ni de viande grasse.
Pas d'oeufs. Jamais. Sous quelque forme que ce soit.
Pas d'alcool (mais enceinte cela va de soi)
Pas de poissons gras.
Pas d'épices.
Pas de féculents "blancs".
Pas de légumes difficiles à digérer.
Aucun aliment industriellement transformé.
De toutes petites portions, mais plusieurs fois par jour.
J'avais ordre de retourner directement aux urgences en cas de nouvelle crise.
C'est ce qui arriva à deux mois et demi plus tard, à 31SA (avec une pancréatite aigue, rien que ça) pour avoir goûté un morceau d'environ 1cm3 de gateau au yaourt.
Me voici arrivée à 35SA au moment où j'écris ces lignes. Huit mois et demi de grossesse. Le bébé va bien, il grossit et grandit normalement. Mais moi je n'ose plus rien manger.
J’alterne donc entre pommes de terre, courgettes et haricots verts cuits à la vapeur sans le moindre assaisonnement, de la dinde ou du blanc de poulet bouilli, et du riz complet ou des pâtes complètes en très petite quantité.
En collation, compote de pommes sans sucre ajoutés, une demi-pomme, ou une petite banane, avec du pain complet. Quelques pruneaux pour stimuler le transit, et bien sûr de l'eau ou des tisanes.
Je devrais consommer dans les 2400 calories quotidiennes, je tourne joyeusement à 600 ou 700. J'ai perdu 15 kilos depuis le diagnostic initial et la perte de poids est régulière et constante.
Lors de ma dernière hospitalisation pour pancréatite, j'étais tellement anémiée que j'ai fait un malaise avec une tension tombée à 6... j'ai eu, du coup, droit à deux cures de veinofer (et à une jolie phlébite au poignet).
Comment est-ce que tout cela va se terminer ? Pour ce bébé ? Pour moi ?
Ajoutez à cela que j'ADORE cuisiner, que les jours où la dénutrition ne m'affaiblit pas trop, je continue à cuisiner des petits plats pour les miens.
Et que c'est une torture, à chaque fois, mais que j'ai besoin malgré tout de rester connectée aux aliments, de ne pas oublier le plaisir de les manipuler, de les cuisiner, même si je ne peux même plus, désormais, ne serait-ce que goûter à ce que je cuisine pour en vérifier la cuisson ou en rectifier l'assaisonnement : trop risqué.
Parfois je n'ai pas de mots pour décrire ce que je vis... parfois au contraire je ressens le besoin urgent d'extérioriser cette immense frustration, alors, pourquoi pas ici...
Ma grossesse et mon énorme perte de poids concomitante sont une source de stress immense, s’additionnant à l'angoisse créée par l'état de ma vésicule, de ses douleurs et des risques encourus (la pancréatite est une maladie potentiellement mortelle, tant pour le foetus que pour la mère).
Techniquement, je n'ai pour le moment pas le choix, je dois attendre. Les chirurgiens évoquent un délai de 3 mois post-partum pour une cholécystectomie (le terme technique pour l'ablation de la vésicule), pour laisser au corps le temps de se remettre de l'accouchement... je ne suis donc pas sortie de l'auberge.
Mais j'essaie de garder moral et courage...
Bientôt, je célébrerai à la fois l'arrivée d'un beau bébé, et le départ de cette satanée Vésiculette !
Bien sûr, c'est une grossesse psychologiquement compliquée, comme toutes les grossesses qui suivent une ou plusieurs fausse-couches.
Pendant toute la première moitié de cette grossesse, je n'ai absolument pas réussi à me projeter, à me connecter à ce bébé, de peur de revivre la même souffrance, le même arrachement, le même vide.
Mais ce bébé-là va bien. Il s'accroche.
Dès les premiers mois, j'ai connu de très nombreux soucis gastriques, que je mettais sur le compte de ce début de grossesse. Nausées, vives douleurs gastriques, diarrhées parfois...
Jusqu'au jour où un évènement survint de façon tout à fait inattendue, en fin de soirée. J'étais alors enceinte de 20SA.
Une douleur horrible, insoutenable prit naissance dans ma poitrine. Comme une sorte d'étau qui serre très très fort la poitrine (j'ai cru faire une crise cardiaque !), juste au-dessous des seins, surtout du côté droit.
Puis une seconde crise survient, le surlendemain, beaucoup plus longue cette fois-ci (5 heures non-stop). Fuck le samu avec leur gastro, je file aux urgences.
Là, j'ai enfin droit à une échographie, et le diagnostic tombe : lithiases biliaires (c'est à dire des calculs dans la vésicule biliaire), et un début de cholecystite (inflammation/infection de ladite vésicule). Je suis hospitalisée en chirurgie viscérale au Centre Hospitalier de Monaco.
Compte tenu de ma grossesse en cours, le chirurgien décide de ne pas opérer.
Après quelques jours d'hospitalisation sous antibiotiques IV pour guérir l'inflammation, j'eus pour instruction de rentrer chez moi, et de mener ma grossesse à terme avec "un régime léger, sans gras".
En me documentant sur les groupes de paroles dédiés aux personnes souffrant de lithiases biliaires, je vis tout de suite que les recommandations étaient beaucoup plus compliquées que ça, en réalité :
Pas de matières grasses. Aucune. Ni cuite, ni crue.
Pas de sucre : aucun produit sucré, surtout le sucre raffiné, mais globalement tous les sucres.
Pas de produits laitiers.
Pas d'oléagineux.
Pas de café, pas de thé.
Pas de viande rouge, ni de viande grasse.
Pas d'oeufs. Jamais. Sous quelque forme que ce soit.
Pas d'alcool (mais enceinte cela va de soi)
Pas de poissons gras.
Pas d'épices.
Pas de féculents "blancs".
Pas de légumes difficiles à digérer.
Aucun aliment industriellement transformé.
De toutes petites portions, mais plusieurs fois par jour.
J'avais ordre de retourner directement aux urgences en cas de nouvelle crise.
C'est ce qui arriva à deux mois et demi plus tard, à 31SA (avec une pancréatite aigue, rien que ça) pour avoir goûté un morceau d'environ 1cm3 de gateau au yaourt.
Me voici arrivée à 35SA au moment où j'écris ces lignes. Huit mois et demi de grossesse. Le bébé va bien, il grossit et grandit normalement. Mais moi je n'ose plus rien manger.
J’alterne donc entre pommes de terre, courgettes et haricots verts cuits à la vapeur sans le moindre assaisonnement, de la dinde ou du blanc de poulet bouilli, et du riz complet ou des pâtes complètes en très petite quantité.
En collation, compote de pommes sans sucre ajoutés, une demi-pomme, ou une petite banane, avec du pain complet. Quelques pruneaux pour stimuler le transit, et bien sûr de l'eau ou des tisanes.
Je devrais consommer dans les 2400 calories quotidiennes, je tourne joyeusement à 600 ou 700. J'ai perdu 15 kilos depuis le diagnostic initial et la perte de poids est régulière et constante.
Lors de ma dernière hospitalisation pour pancréatite, j'étais tellement anémiée que j'ai fait un malaise avec une tension tombée à 6... j'ai eu, du coup, droit à deux cures de veinofer (et à une jolie phlébite au poignet).
Comment est-ce que tout cela va se terminer ? Pour ce bébé ? Pour moi ?
Ajoutez à cela que j'ADORE cuisiner, que les jours où la dénutrition ne m'affaiblit pas trop, je continue à cuisiner des petits plats pour les miens.
Et que c'est une torture, à chaque fois, mais que j'ai besoin malgré tout de rester connectée aux aliments, de ne pas oublier le plaisir de les manipuler, de les cuisiner, même si je ne peux même plus, désormais, ne serait-ce que goûter à ce que je cuisine pour en vérifier la cuisson ou en rectifier l'assaisonnement : trop risqué.
Parfois je n'ai pas de mots pour décrire ce que je vis... parfois au contraire je ressens le besoin urgent d'extérioriser cette immense frustration, alors, pourquoi pas ici...
Ma grossesse et mon énorme perte de poids concomitante sont une source de stress immense, s’additionnant à l'angoisse créée par l'état de ma vésicule, de ses douleurs et des risques encourus (la pancréatite est une maladie potentiellement mortelle, tant pour le foetus que pour la mère).
Techniquement, je n'ai pour le moment pas le choix, je dois attendre. Les chirurgiens évoquent un délai de 3 mois post-partum pour une cholécystectomie (le terme technique pour l'ablation de la vésicule), pour laisser au corps le temps de se remettre de l'accouchement... je ne suis donc pas sortie de l'auberge.
Mais j'essaie de garder moral et courage...
Bientôt, je célébrerai à la fois l'arrivée d'un beau bébé, et le départ de cette satanée Vésiculette !
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