mercredi 6 novembre 2019

[Les Lucioles lisent...] Te souviendras-tu ?... que je t'aimerai toujours.

"Quand ta main sera devenue aussi grande que la mienne, que ta petite voix se sera évaporée, quand tu n'auras plus besoin de moi pour te moucher le nez. Te souviendras-tu des bisous soufflés derrière la fenêtre de ta classe, des langues tirées et des grimaces ?"



Ce soir, en allaitant mon tout-petit jusqu'à ce qu'il s'endorme, j'ai demandé à Petite Chérie, qui se pelotonnait tout contre moi, si elle se souvenait des moments où elle aussi tétait.
Les tétées partagées avec Poupi Garçon encore bébé... Le petit mot rien qu'à elle pour signifier "téter", qu'elle n'employait que pour ça... la façon trop mignonne dont elle disait "trototé, mama" quand un sein était vide et qu'elle voulait téter "l'autre côté".

Eh bien, elle ne se souvenait de rien.
Elle a pourtant tété jusqu'à l'âge honorable de 4 ans, bien après notre emménagement ici, bien après son entrée en petite section. Et elle ne se souvient de rien.

C'est donc bien vrai ?... Est-ce que, pour nos enfants, le souvenir de tous ces moments si forts, si magnifiques, si précieux, finira un jour par s'estomper pour tout bonnement quitter leur mémoire ?



Ce sont ces sentiments doux-amers qui font (ou re-font) surface, un peu brutalement, à la lecture de ce merveilleux livre, qui est une bouffée d'amour à l'état pur.

Lorsque j'ai vu passer la citation annotée ci-dessus dans mon cercle de lecture, j'ai immédiatement senti ma gorge se serrer et mes yeux s'embuer.

Car à vrai dire, c'est un sujet très sensible chez moi.
Mes enfants sont mes trésors, ma vie, et leurs premières années sont des moments que je chéris au-delà de tout. J'ai pourtant cessé de travailler à la naissance de mon premier bébé, je ne les ai jamais confiés à quiconque (ni crèche, ni ass mat') hormis quelques heures pour mes accouchements (cas de force majeure s'il en est !).
J'ai vécu chaque seconde de leurs premières années auprès d'eux, j'ai été présente pour chacune de leurs premières fois... j'ai profité de chacun de ces instants de tout mon être mais, même ainsi, on ne retient pas le temps qui passe... Je pense que le syndrôme du nid vide me frappera très durement, le moment venu.

Toujours, même quand je suis très fatiguée, quand ils m'ont rendue chèvre à se chamailler sans cesse, à me faire répéter les choses 30 fois, et à ramasser leur bazar éparpillé partout, quand ils viennent m'enquiquiner jusqu'aux toilettes parce qu'untel a respiré dans la même pièce que trucmuche, je me souviens que ça, tout ça, n'est qu'un court passage de vie, une fenêtre très étroite de quelques années seulement, et que bientôt, il n'y aura plus que des souvenirs et une grande maison vide.

C'est à tel point que parfois, je me surprends à respirer la peau sucrée de mon JoliBébé en lui susurrant tout bas que même quand il aura 30 ans et des pieds poilus, il sera toujours mon bébé et que s'il reste à la maison jusqu'à 40 ans (voire plus) ce n'est pas grave, ce qui ne fait que très moyennement rire Papa Luciole, mais je disgresse.


Quand Mamie m'a demandé des idées cadeaux à offrir aux enfants en prévision de notre séjour chez elle, je lui ai suggéré ce livre, et elle le leur a donc offert pendant les vacances de la Toussaint. Ils l'ont ouvert et mis de côté pour attendre le moment où leur père ou moi leur en ferions la lecture, au calme.

Je l'ai donc découvert toute seule, à l'abri des murs de la chambre où j'avais posé mes valises, et toutes les vannes se sont ouvertes... et à ce jour, je n'ai toujours pas réussi à le leur lire. A chaque fois que je me retrouve seule et que je le prends pour m’entraîner et m'endurcir un peu ("bon c'est bon là, on va chouiner jusqu'à la saint gliglin ou bien ?"), je pleure. C'est dire à quel point ce magnifique livre me bouleverse.

Car oui, c'est vraiment un livre magnifique. Le ton est très doux, très tendre : c'est, après tout, une maman qui parle à sa petite fille. Et c'est véritablement une ode à la nostalgie qui s'en vient, nostalgie de cette merveilleuse part de passé et de bonheur, comme dirait Aznavour.

Il y est question de toutes ces petites choses que les enfants vivent et oublient, mais que nous, parents, n’oublierons jamais.
Le texte est d'une délicatesse extrême, les petites tranches de vie choisies font forcément mouche dans nos coeurs tout mous de mamans. mais elle parleront beaucoup aux enfants.
Les illustrations sont très jolies et pleines de fraîcheur, les tonalités utilisées sont douces et empreintes de nostalgie (vieux rose, vert sapin...).

Le format est parfait. Le livre est agréable au toucher, avec sa couverture douce et moelleuse. Les pages cartonnées sont un vrai plus (nous lisons beaucoup, les livres foisonnent chez nous, et hélas je ne compte plus le nombre de livres chipés et abîmés par JoliBébé...).


Il me faut insister sur un point : contrairement à ce que le ton de ma chronique pourrait laisser croire, ce n'est pas du tout un livre triste. C'est un livre très aimant, et les enfants le percevront ainsi.
C'est seulement pour nous autres, adultes, que cela picote un peu.

Oui, la vie est ainsi faite et nos petits poussins finiront tous, un jour, par voler de leurs propres ailes. Oui, ils auront leurs préoccupations propres et oublieront sans doute toutes ces nuits de cododo, la décennie largement dépassée d'allaitements continus mis bout à bout, le monde vu depuis le dos de maman qui les a portés en écharpe du soir au matin pour ne jamais les laisser pleurer, le tiramisu qui est le meilleur du monde, les joujoux crochetés pour eux... les nuits passées à les regarder respirer lorsqu'ils sont malades, les petits mots glissés dans le calendrier de l'Avent, les jolis anniversaires organisés des semaines à l'avance, et si une partie de moi a envie d'écrire notre quotidien ici, c'est aussi pour qu'ils n'oublient pas, même si je sais qu'ils oublieront quand même.
Pfiou, et je hoquète comme une chouette en écrivant cela, heureusement qu'il est minuit et que tout le monde dort, et cette chronique est décidément fort décousue...

Mais même s'ils oublient tout ça, je suis quand même certaine d'une chose. Ils deviendront adultes avec la certitude d'avoir grandi en étant farouchement aimés. Et au final, c'est bien le plus important...

Le reste, je me charge de ne pas l'oublier pour eux, et je le rangerai dans ma boite à souvenirs, avec mes six tests de grossesse positifs, leurs quatre petits bracelets de maternité et les minuscules bonnets moches de la salle de naissance, les premières empreintes de mains et leurs colliers de nouilles...





 "Te souviendras-tu ? Que je t'aimerai toujours..." de Céline Person (auteur) et Lili la baleine (illustrations), publié aux éditions Langue au chat (2019).

A noter : si ce livre vous émeut autant que moi et que l'envie de l'acheter vous prenait, vous pouvez passer par les liens présents sur mon article. Amazon me versera une petite commission, sans pour autant changer le prix pour vous.



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10 commentaires:

  1. J ai eu les larmes aux yeux du debut à la fin de ta publication.
    Tout ce que tu dis, je l ai aussi dans ma tête. Mes deux enfants sont grands (33 ans Celine & 29 ans pour Marc). Je suis Grand-mère d un amour de pitchounette de 3 ans et demi.
    Mes enfants me disent qu ils se rappellent tous les détails de quand ils étaient petits (temoignages détaillés à l appui).
    Ton récit est très émouvant.

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  2. Oh la la, en te lisant, pas sûre que je pourrais le lire. Ici, j'ai une 3zozce de phobie de tout oublier (moi qui oublierais). Alors je note, je note. J'ai bcp plus noté d'ailleurs pour mon aîné que pour mon deuz mais quand mêle... Je sais que y aura une trace pour eux se souvenir à quel point je les aime si je venais à disparaître... Tu vois, t es pas seule à avoir ce genre de nostalgie...

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  3. Je note un peu... mais moi, mon truc est la photo... du coup, je photographie beaucoup pour ne rien oublier!

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    1. Ah pour ça, moi aussi.... d'aucuns diraient que je photographie trop !

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  4. C'est un très bel article et une belle découverte merci

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  5. Merci pour cet article. Jai bcp aimé et risque d’acheter le livre du coup

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